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Int-AIR-action, 1997 - 1998. [1. Salon d’Art Contemporain, Bagneux, Fr., 1997. 2 Festival Via#3, Confluences, Paris, 1997. 3. 1^st International Art Meeting, BWA Katowice, 1997. 4. Galeria Kronika, Bytom, Pl., 1998.]

Int-AIR-action

"Le support de l’expérience est constitué des trois formes cubiques de 80 cm de côté, reliées entre-elles par un système fonctionnel de tuyauterie transparente. Les six faces en matière étanche du premier cube enferme 512 dm 3 d’air. Le cube central, en verre transparent, rempli d’eau, reste ouvert. Le dernier, transparent et ouvert également, enferme une fine couche de détergent concentré liquide. L’immersion du corps d’un actant dans le cube central provoque une évacuation d’un volume d’eau équivalent dans le troisième cube. L’air enfermé dans le premier volume permet une respiration dans le circuit fermé de cette installation de 30 minutes environ. L’air respiré est ensuite évacué dans le troisième volume, provoquant une montée de mousse créée par le volume d’eau, évacué encore lors de l’immersion du corps, mélangé au détergent et alimenté de l’air provenant du premier cube durant la respiration. Un système de pistons à sens unique empêche le retour de l’air respiré dans le cube opaque, provocant sa déformation jusqu’à l’évidement et la compression totale. L’épuisement définitif de l’air contenu dans le cube opaque dicte la fin de l’action.

L’évidement progressif et le pliage du cube opaque, ainsi que la monté de la mousse dans le cube transparent, sont les principaux signes perceptibles de la transformation de l’espace. Le vecteur central de cette transformation est fourni par la respiration rythmée d’un corps immergé.

Le corps actant, flottant dans la masse aqueuse en position embryonnaire, privé de vision et de ressentiment de son poids, isolé dans un univers sonore transformé et incertain, est guidé essentiellement par la perception pulmonaire. L’information sur le déroulement de l’action provient en grande partie de l’effort musculaire de l’appareil pulmonaire, nécessaire pour surmonter la résistance opposée par le cube opaque et des micro vibrations provoquées par le passage de l’air expiré dans le volume de liquide visqueux. "

Extrait de :
BURY, J. "Tropologie de l'espace – notes de travail 1992-1997", in : Sobieszczanski, M., Lacroix, C. (dir.) Spatialisation en art et sciences humaines. Paris : Peeters Publishers, 2004.

"Quel est le pli de cette "image" ? Pourquoi la répétition itérative d’une forme-mère ? Pourquoi l’isomorphisme des structures ? Le dispositif d’un champ spatial soumis à un principe séquentiel, structural, ordinal et métrique répond d’un acte d’appropriation prospective d’un territoire considéré comme donné, pré-construit. Sa double conséquence de principe s’énonce comme suit : fatigue de la forme, puissance de l’objet. Il y a en dépit de ces conditions de sommeil de la forme l’ensemble des qualités de présence de celle-ci : radiance de la proportion, de la luminosité elle-même, l’aura d’une lumière inappropriable (l’avenir comme perspective intemporelle, cette part de territoire inexploré, ou exploré et toujours inappropriable). Mais voilà qu’un corps apparaît dans le champ spatial et vient pénétrer la masse aqueuse du cube central. Par lui la radiance et le rayonnement de la forme va se propager, envahir tout l’espace présumé clos de l’action. A travers le dynamisme des contenus qui va succéder, l’actant va se donner comme le vecteur de la transformation des matières, point de condensation et de rejaillissement du flux, étant flux lui-même. Ce paroxysme du corps, mais paroxysme non nécessairement spectaculaire, ne peut se présenter sans l’intégrité régulatrice d’une forme."